Page:Textes choisis (Leonardo da Vinci, transl. Péladan, 1907).djvu/90

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Marius aux patriciens romains : « Ceux qui se prévalent eux-mêmes des efforts d’autrui ne veulent pas me laisser les miens. » (C. A. 119, r.)

132. — Ils diront que, faute d’avoir des lettres, je ne peux bien dire ce que je veux exprimer. Or, ils ignorent que mes œuvres sont plutôt sujettes de l’expérience que des paroles d’autrui, et l’expérience fut la maîtresse de ceux qui écrivirent bien ; et moi aussi, je la prends pour maîtresse et en tous les cas je l’alléguerai. (C. A. 117, r.)

Si comme eux, je n’allègue les auteurs, plus haute et plus digne est mon allégation, l’expérience, maîtresse de leurs maîtres. Ils vont gonflés et pompeux, vêtus et parés non de leurs travaux, mais de ceux d’autrui et ils me contestent les miens et me méprisent, moi inventeur, et si supérieur à eux, trompetteurs et déclamateurs, récitateurs des œuvres d’autrui et autrement méprisables.

Et d être ainsi jugés et non autrement estimés, les hommes inventeurs, interprètes entre la nature et l’humanité, en comparaison des récitateurs et déclamateurs des œuvres d’autrui. Il y a entre eux la différence de l’objet en dehors du miroir et du reflet dudit objet. Le premier existe en réalité et par lui-même, le second n’a pas de réalité. (C. A. 117, r.)

133. Que vaut celui qui abrège les parties des choses, alors qu’il prétend en donner la connaissance intégrale et qui laisse derrière lui