Page:Théâtre de Plaute, Panckoucke, tome 2.djvu/217

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NICOBULE.

Je croyais à mon âge, si vieux, être quitte des courses maritimes et des fatigues de la navigation. Il faudra bon gré mal gré en tâter encore. J’en suis redevable à mon aimable hôte Archidame. Que fait Mnésiloque en ce moment ?

CHRYSALE.

Il est allé saluer les dieux, et puis ses amis sur la grande place.

NICOBULE.

Il me tarde de le voir. J’y vais de ce pas. (Il sort.)

CHRYSALE, seul.

Le vieillard en a sa charge, et plus qu’il n’en peut porter. Pour commencer, ma trame n’est pas mal ourdie. Voilà notre amoureux à son aise, grâce à moi ; permis à lui de prendre tout l’or qu’il voudra, il n’a qu’à puiser. Il pourra ne rendre à son père qu’autant qu’il lui plaira. Le vieillard ira chercher son or à Éphèse, et nous mènerons ici une vie fort douce. Car j’espère bien que nous resterons, et qu’il n’emmènera point avec lui Mnésiloque ni moi. Que je vais causer de remue‑ménage !… Mais qu’arrivera-t-il, quand le vieillard apprendra tout ? quand il saura que nous l’avons fait courir pour rien, et que nous avons converti son or à notre usage ? À quoi dois-je m’attendre ? Je suis sûr, ma foi, que tout en arrivant il me fera changer de nom, et que je deviendrai Crucisaltor au lieu de Chrysale. Eh ! mais, je prendrai la fuite au besoin… Oui ; et au cas qu’on me rattrape ? Nargue du vieillard, et la peste pour lui. S’il a du bouleau sur ses terres