Eh ! par Pollux ! il y en a une qui a été tondue deux fois aujourd’hui.
Ce sont de vieilles brouteuses de thym.
Elles furent bonnes dans leur temps.
Vois-tu comme elles nous regardent du coin de l’œil ?
Vraiment, je les crois sans malice aucune.
Nous n’avons que ce que nous méritons, pour être venus ici.
Il faut les mener chez nous.
À quoi bon ? elles n’ont plus ni lait, ni laine. Laisse-les là. Elles sont hors d’âge et ne valent plus rien. On n’en peut plus tirer aucun parti. Ne vois-tu pas qu’on les laisse errer seules en liberté ? L’âge leur a, je pense, ôté la voix. Elles ne peuvent pas même bêler en se voyant éloignées du troupeau. Pauvres bêtes ! bien innocentes, à ce qu’elles semblent.
Rentrons, ma sœur.
Un moment. Ces brebis veulent vous dire deux mots.