EUCLION.
Pourquoi m’en as-tu menacé ?
CONGRION.
Je n’ai eu qu’un tort ; c’est de ne t’avoir pas crevé le ventre.
EUCLION.
Il n’y a pas de plus grand scélérat que toi sur la terre, personne à qui je fisse du mal de plus grand cœur et avec plus de joie.
CONGRION.
Par Pollux ! tu n’as pas besoin de le dire ; tes actions le prouvent. J’ai mon pauvre corps plus rompu par tes coups, que n’est un baladin mignon. Mais de quel droit nous frappes-tu, vilain mendiant ? qu’est-ce que tu as ?
EUCLION.
Interroge-moi. Apparemment je ne t’en ai pas donné assez. Laisse un peu. (Il fait mine de le frapper.)
CONGRION.
Par Hercule ! ce sera malheur à toi, ou cette tête aura perdu le sentiment.
EUCLION.
Je ne sais pas pour l’avenir ; quant à présent, elle ne l’a pas perdu. Mais qu’est-ce que tu avais à faire chez moi, en mon absence, sans mon ordre ? Je veux le savoir.
CONGRION.
Cesse donc de parler. Nous sommes venus à cause de la noce faire la cuisine.
EUCLION.
Eh ! par la mort ! que t’importe qu’on mange cuit ou cru chez moi ? Es-tu mon tuteur ?