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Page:Théâtre de Schiller (Charpentier), 1848.djvu/134

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appartient à un honune perdu, et jamais elle n’en sera récompensée !


Amélie. Oui ! elle en sera récompensée dans le ciel. Ne dit-on pas qu’il y a un monde meilleur , où les malheureux se réjouissent, où les amants se reconnaissent ? moor. Oui ! un mondo , où le voile tombe , où l’amour se

retrouve avec effroi : ce monde s’appelle l’éternité Non !

Amélie est une malheureuse jeune fille.

Amélie. Malheureuse ! et vous l’aimez ! mooh. Malheureuse parce qu’elle m’aime ! Quoi ! si j’étais un meurtrier ! Quoi ! mademoiselle, si votre amant devait à chaque baiser compter un meurtre ! Malheur à mon Amélie : c’est une malheureuse jeune fille !

Amélie, sautant avec joie. Ah ! que je suis heureuse ! Celui que j’aime est le reflet de la Divinité, et la Divinité n’est que douceur et miséricorde. Il ne pourrait pas voir souffrir une mouche... Son âme est aussi éloignée d’une pensée de sang que le soleil de midi des ombres de la nuit.

( Moor se cache à la hâte dans un bosquet et regarde fixemen t. Amélie prend son luth et chante :) « Hector ! veux-tu me quitter à jamais, veux-tu l’en aller où le fer meurtrier des Æaeides offre à Patrocle un horrible sacrifice ? Qui apprendra » désormais à tes enfants à lancer le javelot, à honorer les » dieux, si le Xanlhc serpente derrière toi ? »

moor prend le luth en silence et chante : « Ma chère compagne, va ! apporte-moi la lame meurtrière ! laisse-moi m’élancer dans le tumulte de la bataille. »

Il jette le luth et s’enfuit. SCÈNE V.

Une forêt . La nuit. Un vieux chAteau en ruine.

les brigands, campés. ( Ils chantent :)


Voler, tuer, se battre, forniquer, Voilà ce qui s'appelle passer son temps ! Demain nous serons pendus au gibet, Amusons-nous donc aujourd'hui.

Nous menons une joyeuse vie, Une vie de délices. La forêt est notre quartier nocturne, Nous campons,