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Page:Théatre de campagne - Huitième série, 1882.djvu/278

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ment, il y a des moments où je comprends les hommes ! (Regardant la pendule.) Huit heures un quart… (S’asseyant.) Allons ! j’ai encore deux heures devant moi, deux grandes heures d’ennui !… C’est effrayant comme le temps vous paraît long quand on attend !… Malgré moi je me sens inquiète, agitée… Ah ! dame, l’idée d’un mariage peut bien vous émouvoir un peu !… surtout lorsqu’il s’agit d’un jeune homme et que l’on est la veuve d’un vieux général !… Ah ! c’est qu’en fait d’amour, mon pauvre mari n’était pas la prodigalité même… Mon Dieu !… je ne le lui reproche pas… Le cher homme !… Je sais bien que ce n’était pas de sa faute… mais c’est égal, franchement, il était un peu trop… comment dirai-je ? un peu trop économe… Oh ! mais, avec monsieur de Néryss, cela n’est pas à craindre ! Il est jeune, lui… Il est du Midi, lui… Et quand on est du Midi, Dieu sait… Pourvu qu’il vienne seulement ! C’est qu’il y a déjà quelque temps qu’il n’a donné signe d’existence… Bah ! je l’ai invité, il viendra ; d’ailleurs il m’aime… il a l’intention de m’épouser, j’en suis sûre… il profitera donc de cette soirée pour… Et déjà, l’autre jour, dans le petit salon, lorsqu’il m’a fait asseoir sur mon joli divan havane et qu’il s’est agenouillé devant moi, je croyais bien qu’il allait faire sa demande… En tout cas, ce n’était pas l’envie qui lui manquait. (On sonne.) Tiens ! l’on a sonné ! (Regardant l’heure.) Neuf heures moins vingt… Qui peut venir si tôt ?