Abandonnée, plus seule que jamais, Huguette s’affaissa sur un divan. Combien de temps passa-t-elle ainsi, à aviver sa souffrance ? Elle n’eut pu le dire. Que lui importait, de consulter le cadran, là tout près, puisqu’il n’y avait plus désormais, qu’une heure pour elle, toujours la même : celle de la résignation dans la peine.
Pierre se réveillant, la rappela à la réalité.
— Est-ce que tu ne te couches pas, maman ?
— Oui, rendors-toi, petit. J’y vais dans quelques instants.
La voix de Pierre lui disait autre chose que les mots qu’il avait articulés. Elle lui disait : « Maman, ne suis-je pas ici ?… n’as-tu pas un fils qui te rattache à l’existence ? Si tu te laisse abattre, qui me soutiendra ? »
Huguette était déterminée à ne pas manquer à ses devoirs de mère. Puisqu’elle devait vivre avec d’éternels regrets, elle les dominerait au lieu de se laisser terrasser par eux. Pour en arriver à cela, elle mènerait une vie plus active. De quelle manière ? Elle l’ignorait, à ce moment où les larmes l’aveuglaient. En attendant, elle alimenterait son courage à la même source d’énergie qui l’avait rendue victorieuse dans la grande épreuve qu’elle traversait.