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autour d’un nom

— L’homme ne vit pas seulement de pain.

— Cette chose, autre que du pain, le soldat ne la trouve-t-il pas dans son amour de la patrie pour laquelle il est prêt à verser son sang ? C’est dans l’armée, l’armée militante surtout, qu’on est à même d’apprécier la véhémence du patriotisme chez l’homme. Là, rien qui ne l’en distraie. Il y est uniquement pour sauver le pays de son enfance qui est en détresse. Le souvenir des gloires passées de la patrie, des souffrances qui l’ont façonnée, est un aiguillon au civisme du militaire. C’est une jouissance nouvelle — plus intense que les autres puisqu’elle les renferme toutes — qu’il éprouve en se battant pour défendre son sol, sa foi, son foyer. Et qui ne sait que le foyer n’est autre chose que le cœur d’une femme ? celui de la mère ou celui d’une épouse.

Madame Durand entendait bien ce que disait M. James, dont la voix séduisante la troublait, mais son regard distrait indiquait qu’une autre idée l’absorbait.

— Ainsi, reprit-elle, vous croyez que le soldat ne soit pas malheureux ?

Elle voyait, avec ses yeux de mère, tous ces jeunes gens, les uns de santé débile comme le sien, arrachés de leurs nids chauds d’amour