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autour d’un nom

« Ainsi, ce Monsieur James, Monsieur James Douglas, puisqu’il fallait se rendre à l’évidence, la trompait. Il s’était présenté sous un faux nom, et l’avait maintenue dans l’erreur : cet homme qui ne mentait à personne, cet officier qui, pris par les Allemands pendant la guerre, avait préféré la prison à la liberté qu’on lui offrait s’il promettait de ne pas s’évader, la mystifiait. Depuis quatre mois, elle était sa dupe. Oh ! comme il avait dû rire de sa candeur ! Elle-même, à ce moment, s’en voulait de la confiance qu’elle accordait à tous ; elle se révoltait contre son inhabileté à dépister le piège et la ruse.

En la trompant, Monsieur James reniait les principes de toute sa vie. Pour qu’il fit cela sans vergogne, fallait-il qu’il l’estimât peu de chose ! Toutefois, la franchise n’habite-t-elle pas l’âme et n’y va-t-il pas de notre grandeur de dire la vérité, quelle que soit la personne avec qui l’on communique ?

En outre, bien qu’il ne lui eut jamais dit qu’il n’était pas engagé dans les liens du mariage, il avait pris d’infinies précautions pour qu’elle n’en soupçonnât rien.

Naïve comme les personnes qui ne savent pas mentir, Huguette l’avait cru libre, et, à son immense chagrin, venait s’ajouter le sentiment de sa dignité outragée.