Pendant que ces idées bouleversantes se précipitaient les unes sur les autres dans son cerveau, des larmes qu’elle n’essuyait pas, parce que trop abondantes, mouillaient son oreiller ; ses mains comprimaient ses tempes qui battaient trop fort.
On frappa à la porte. C’était Pierre qui sollicitait la permission d’entrer.
Heureusement que l’heure avait déjà noyé les choses dans l’ombre du soir s’introduisant par la fenêtre : Pierre ne vit pas que sa mère pleurait.
— Viens-tu souper, maman chérie ?
— Soupe seul, mon petit, et prie Victoire de m’apporter quelque chose. Notre ami, le docteur, vient ce soir, et je tiens à me reposer.
— Tu n’es pas malade, maman ?
— Un petit malaise. Va mon garçon.
Jean l’embrassa et partit léger comme on l’est à cet âge que les grandes souffrances respectent.
— Dois-je allumer, Madame ? demanda Victoire en déposant le cabaret sur le guéridon à portée d’Huguette.
— Non, merci. Je m’arrangerai seule.