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autour d’un nom

La banalité de cette remarque « vieux jeu » était corrigée par l’accent plein de la pitié dont Huguette se sentit envahir en entendant le vœu exprimé par Guy : « Pourquoi ne te maries-tu pas ? », et elle fut compatissante envers l’ami qui se montrait si héroïque.

— Je te verrais peut-être moins souvent, et puis, à mon âge, comprends-tu, il ne faut pas songer à cela. Je doute fort, d’ailleurs, que je puisse captiver et retenir l’affection de qui que ce soit.

— Encore ce manque de confiance en toi, qui te caractérisait autrefois, même à l’époque de ta ravissante jeunesse !

— Sait-on jamais, en effet, si un homme aime une femme pour elle ou si ce n’est pas uniquement lui qu’il aime en elle ?

— Avais-je raison de te rappeler ton incrédulité ?

— Quand même je ne serais pas incrédule, je ne me marierais pas davantage.

Entre ce médecin de grands principes dont l’amitié était doublée d’un sentiment bien autrement ardent, et James Douglas qu’elle aimait éperdument, Huguette était condamnée à finir sa vie dans la solitude.