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Page:Théry - Autour d'un nom, 1926.djvu/98

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autour d’un nom

La colonne des amusements d’un journal du matin mettait à l’affiche d’un des théâtres la fine comédie de Pailleron : « Le Monde où l’on s’ennuie ». Elle s’y rendit, mais ce qu’elle entendit, là comme ailleurs, c’était surtout la voix de son cœur. Cependant le voisinage de la foule l’empêchait de pleurer et c’était quelque chose de gagné.

Au souper, Pierre observait sa mère. Il se sentait lui-même déprimé de constater le grand changement qui s’était opéré en elle. Il essaya de l’intéresser en lui détaillant l’emploi de sa journée.

— Nous avons un nouveau compagnon de classe, dit-il. Il se nomme Gerald Bryson.

— Un Anglais ?

— Son père est Anglais et sa mère Française. Il parle également bien le français et l’anglais. Tous les matins, une belle Packard s’arrête devant la porte du collège, le chauffeur ouvre la portière, et c’est maître Gerald Bryson qui s’amène. On dit que son père vaut un million…

— Pierre, tu viens de te servir d’une expression que je n’aime pas, contre laquelle je m’insurge et qui est humiliante pour la per-