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plus suppliante, les mains engagées dans l’écheveau de soie verte qu’elle était occupée à dévider.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C’est dans cette position romantique qu’Osborne et Amélia trouvèrent ce couple intéressant, quand ils revinrent annoncer que la salade était prête.

L’écheveau était enroulé autour de la carte, mais Joseph Sedley n’avait encore parlé de rien.

« Ce sera assurément pour ce soir, ma chère, » dit Amélia en serrant la main de Rebecca.

De son côté, Joseph Sedley, comme par une entente secrète, se dit à lui-même : « J’aborderai la question de front, ce soir, au Vauxhall. »



CHAPITRE V.

L’ami Dobbin.


La bataille entre Cuff et Dobbin, et l’issue inattendue de cette lutte resteront longtemps dans la mémoire de tous ceux qui ont été élevés dans la célèbre institution du docteur Swishtail. Dobbin, connu sous les noms de Dobbin le Cancre, Dobbin la Chiffe, et autres termes de mépris à l’usage des écoliers, passait pour être le plus engourdi, le plus épais, le plus lourd de tous les pensionnaires du docteur Swishtail. Il avait pour père un épicier de la Cité, et le bruit courait qu’il était reçu dans la maison du docteur Swishtail d’après un système de libre échange, c’est-à-dire que le montant de sa pension était payé par son père en nature, et non en argent. Avec son pantalon et sa jaquette de velours à côtes, dont ses membres gros et gras faisaient craquer les coutures, il passait à l’intérieur de l’école pour représenter de son chef tant de livres de thé, de sucre, de chandelle, de savon, de raisins secs, dont la plus grande consommation n’était pas pour les poudings de l’établissement. Ce fut un jour néfaste pour le petit Dobbin que celui où l’un des plus jeunes de l’école, ayant parcouru la ville pour aller faire