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Page:Thackeray - Le Livre des snobs.djvu/27

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voulant faire à Sa Seigneurie les honneurs de l’endroit, lui commanda un dîner des plus délicats que l’on puisse avoir à prix d’argent, et, pour reconnaître cette prévenance, milord trouva le repas trop cher et détestable. Trop cher : pas pour lui assurément ; détestable : le docteur avait fait de son mieux pour contenter les nobles mâchoires qu’il traitait, et milord ne sut reconnaître cette politesse que par un procédé brutal pour l’hôte qui la lui faisait. C’est comme ces pachas à trois queues qui grognent de ce qu’on ne paye pas un assez gros tribut à leur oisiveté.

Mais comment-peut-il en être autrement dans un pays où la Lordolâtrie est un article de foi, et ou les enfants sont élevés à respecter l’Almanach de la Pairie comme une seconde Bible ?



CHAPITRE IV.

Nouvelles de la cour ; leur influence sur les Snobs.


L’exemple est le meilleur des préceptes ; nous allons donc, par des faits véritables et authentiques, vous montrer de quelle manière sont dressés les jeunes Snobs de l’aristocratie, et comment, dès leur plus tendre jeunesse, on cultive chez eux les germes du Snobisme. Une élégante et belle lady… Pardonnez-moi, gracieuse dame, de mettre le public dans la confidence de votre histoire ; mais elle est d’un si haut enseignement, qu’elle mérite d’être connue de l’univers entier. Ladite dame m’a donc raconté que, dans sa jeunesse, elle avait pour amie une petite fille devenue, comme elle aujourd’hui, une belle et élégante lady. C’est tout dire que de nommer miss Snobky, fille de Snobby. Snobky, dont la présentation à la cour produisit, jeudi dernier, une si profonde sensation.

Miss Snobky, étant encore à l’âge tendre où les enfants