Page:Thackeray - Mémoires de Barry Lyndon.djvu/120

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congé de lui. Le lendemain soir, je plaçai une paire de pistolets sous le coussin de la voiture ; et je pense que les aventures du lendemain sont tout à fait dignes des honneurs d’un chapitre séparé.



CHAPITRE IX.

Je fais la figure qui convient à mon nom et à ma naissance.


La fortune, souriant à M. de Balibari au moment de son départ, lui permit de gagner une jolie somme avec sa banque de pharaon.

Le lendemain matin, à dix heures, la voiture du chevalier de Balibari arrivait comme d’habitude à la porte de son hôtel ; et le chevalier, qui était à sa fenêtre, voyant son équipage, descendit l’escalier de l’air imposant qui le caractérisait.

« Où est ce drôle d’Ambroise ? dit-il, regardant autour de lui et ne voyant pas son domestique qui aurait dû être là pour lui ouvrir la portière.

— Je vais abaisser le marchepied à Votre Honneur, » dit un gendarme, qui se tenait près du carrosse.

Et le chevalier n’y fut pas plutôt entré, que l’officier de police y sauta après lui ; un autre monta sur le siège à côté du cocher, et ce dernier se mit en route.

« Bonté divine ! dit le chevalier, qu’est-ce que cela signifie ?

— Vous allez à la frontière, dit le gendarme en portant la main à son chapeau.

— C’est abominable ! c’est infâme ! J’insiste pour qu’on me descende à l’ambassade d’Autriche !

— J’ai l’ordre de bâillonner Votre Honneur s’il crie, dit le gendarme.

— Toute l’Europe sera instruite de ceci ! dit le chevalier en fureur.

— Comme il vous plaira, » répondit l’officier ; et là-dessus ils rentrèrent dans le silence.

Le silence ne fut pas interrompu entre Berlin et Potsdam, que le chevalier traversa au moment où Sa Majesté y passait la revue de ses gardes et des régiments de Bulow,