De même qu’un rayon de miel en sa clarté
Évoque le printemps de fleurs à jamais mortes,
Ton rhum, flamme liquide, esprit d’un fauve été
Fait d’un lointain passé surgir les odeurs fortes.
Je revois les beaux soirs où j’aimais ardemment
Les yeux miraculeux d’une jeune créole.
Ah ! vivent les rayons de cette liqueur folle
Qui me ramène aux jours heureux du sentiment !
Mais l’adorable est morte au pied du noir cratère[1].
Et c’est pour oublier ce cruel souvenir
Que je boirai, flacon doré, ton dernier verre
Sympathique flacon qui fais si bien dormir.
Là-bas les champs de canne au morne et sur la dune
Ont fleuri, leur blancheur moutonne au vent du soir ;
Et battu par les mains arides d’un vieux noir,
Le tamtam saccadé résonne au clair de lune…
Canne à sucre, rayon de soleil condensé
Dans un roseau mûri sous le ciel du tropique,
Je chante en ton honneur et dans Londres glacé
C’est toute la rumeur de la nuit exotique !
- ↑ Celui du Mont Pelé.