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Page:Thaly - Chants de l'Atlantique suivis de Le ciel des Antilles, 1928.djvu/80

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SOUS LE CIEL DES ANTILLES
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IV

L’ESCLAVAGE


Pour travailler le sol conquis, venaient d’Afrique
Parqués sur les ponts noirs des négriers affreux,
Des esclaves captés par le chef tyrannique,
Dans la brousse insondable, au bord des fleuves bleus.

À la place Bertin, en ces jours malheureux,
Se tenait un marché sombre de chair humaine ;
Et les colons venus du morne ou de la plaine,
Achetaient à vil prix le bétail douloureux.

Quelquefois un vieil air plaintif, plein de tristesse,
S’élevait du cœur lourd d’une jeune négresse,
Et les nègres pleuraient le rivage perdu.

Au soleil du pays ils revoyaient leurs terres
Et songeaient, tout à coup, qu’ils avaient entendu
Pour la dernière fois, les plaintes de leurs mères.