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Page:Thaly - Chants de l'Atlantique suivis de Le ciel des Antilles, 1928.djvu/88

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SOUS LE CIEL DES ANTILLES
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« Je veux sur ma cavale ardente et vigoureuse
Passer encor dans l’air salubre du printemps,
Je veux aller revoir l’immensité des champs
Que j’ai plantés au temps de ma jeunesse heureuse.

La mort ne m’aura point par surprise, en sommeil,
— Tel un vieux moribond qu’un vain remords attriste. —
— Si son affreux dessein à cette heure persiste,
Qu’elle vienne me prendre à cheval, au soleil ! »

Il fallut obéir et le vieillard tremblant
Ayant fait reculer ses fils d’un large geste,
Monta sur la jument et d’un bras encor preste
Cingla le chaud poitrail du bel animal blanc…



Le soleil crépitait, la narine fumante,
La cavale gravit la route des palmiers
Qui mène aux verts sommets d’où l’on voit, sous la pente,
L’Atlantique écumant et l’île des Ramiers.

Le cadet de famille aima les cieux tranquilles
Et ses beaux souvenirs prirent un large essor
Vers la Mère patrie, et vers les grandes villes
D’où l’avait rejeté l’injustice du sort.