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Page:Thaly - Chants de l'Atlantique suivis de Le ciel des Antilles, 1928.djvu/96

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SOUS LE CIEL DES ANTILLES
92


XVII

LE PÊCHEUR DE LA GUADELOUPE


J’ai bâti mon carbet en face de la mer
Et chaque jour j’entends chanter sur le rivage
Le flot, suivant le mois, langoureux ou sauvage,
Et chaque soir je vois les grands oiseaux de l’air.

Dans ma senne je prends carangue et congre vert,
Dans ma nasse en bambou le poisson rouge nage ;
Et quand à Miquelon me secoue un tangage,
C’est que le thon va mordre à l’hameçon de fer.

Tandis que les terriens labourent à trois lieues,
Mon canot suit des mers les belles routes bleues ;
Et les vents alizés me chantent des aubades.

Qui chérit son métier est un heureux mortel ;
Ce soir j’ai vu passer un long banc de dorades
Et j’ai cru que dans l’eau dansait un arc-en-ciel.