Page:Tharaud - Dingley.djvu/122

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Reine et rebelle, si on le prend, il sera pendu. La nouvelle de la guerre est venue le surprendre, là-bas, à Trinity College. Il n’était qu’un enfant. Cette nouvelle en a fait un homme, comme une heureuse goutte de pluie fait éclater un bourgeon. Il a quitté ses amis, la Tamise et les jeux, l’Angleterre qu’il aimait sans doute, comme tous ceux qui ont fait l’épreuve de sa généreuse hospitalité. Avec une admirable ingratitude, il est accouru se battre. Au bon vieil esprit d’Oxford il a préféré la rudesse des paysans de sa race. Aujourd’hui il fait contre nous l’épreuve de toutes ses forces d’amour et de haine ; et le voici qui court le Veld, sa pipe anglaise à la bouche, un cheval entre les jambes et un fusil sur le dos ! Il est jeune et il commande. Ce sont les deux mérites suprêmes. Pour moi, je n’ai ni l’un, ni l’autre. Mon commandement, à moi, c’est une autorité obscure, un pouvoir lâche et féminin, et dont je ne saisis jamais sur le vif les effets. Ces jeunes lieutenants que je rencontre partout et qui m’écoutent si avidement, comme