Page:Tharaud - Dingley.djvu/209

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Une légère brume violette, la brume des fins de jours d’été, montait déjà sous les arbres. À cette heure crépusculaire, une rumeur confuse faite de mille bruits, lointains ou rapprochés, enveloppait tout le jardin. Sur le terre-plein de Marble Arch, groupées autour de leurs fanfares, les sociétés mystiques faisaient retentir l’air de leurs prières et de leurs cantiques, plus isolées dans leurs pensées qu’au milieu de ces pelouses, au long desquelles passait indiscontinûment le flot des promeneurs, des cavaliers et des voitures. Çà et là, éclataient les voix courroucées ou pleurardes des orateurs de plein vent, — chrétiens, juifs, déistes, communistes, athées, — qui versent là, chaque dimanche, leur éloquence de bazar, comme une fontaine fait entendre, au même endroit, son même bruit.

Il les connaissait tous, ces dogs-orators, ces orateurs-chiens, comme on les nomme, depuis l’honorable Master Gadsby, juché sur son haut tabouret à la pointe nord de la pelouse, et qui démontre en quatre points la