Page:TheatreLatin1.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

xvm ANALYSE tre pour acheter une courtisnne qu‘il aime; par malheur amour. Agorastoelès prétend délivrer lajeune ûlleet pumr il lui manque l’argent nécessaire pour la tirer des mains la cupidité bm bare de Leloup. Un esclave adroitse charge de Pinfàme trafiquant. Un camarade lui donne l’argent de oe soin : voici la ruse qu’il imagine. destiné a acheter des bœufs au marché; mais il faudra_ ll sedéguise en étranger; les étrangers plaisent beau- rendre la somme au plus tôt. Voici Pexpédtent que Toxile coup aux gens de Fespèee de Leloup; ce sont de bonnes imagine pour reprendre au marchand l’argent qu’il lui a dupes qu’ils peuvent traire jusqu’an sang. Mais c’est Le- donné : il emprunte la fille d’uu parasite de sa connais- loup lui-meme qui est dupe. Il reçoit avec empressement: sance, il l’af`fuble d’habits étrangers; puis son camarade, dans sa maison Yétranger qui parait bien muni de phi- doguisé en paysan, vient offrir la jeune beauté au mar- lippes d’or. Agorastoclès, qui est dans le secret de chaud d'eselaves. Le marché conclu , Fargent donné, le ]’iutrigue, vient réclamer son valet, et porte plainte en père de la jeune fille vient la réclamer, menaçant le vieux rapt d’esclave contre le vilain uiareliand. Leloup est coquin de le poursuivre comme coupable de retenir en ruiné et puni: il est obligé de rendre les deux jeunes esclavage une personne de condition libre. Lc marchand titles, qui sont reconnues libres. Co denoûment est amené effrayé rend la jeune fille, mais Toxile ne lui. rend pas par Farrivée un peu romanesque du Carthaginois, père I’argent. De cette manière il a sa maitresse pour rien. des deux jeunes filles. Mais n’avons-nous pas dans nos On areproche à Plante de représenter toujours dans poëtes comiques, et dans Molière meme, de nombreux ses comédies des marchands d’esclaves, dïnlames agents exemples dc ces pères tenus en réserve pour le dénou- de débauche. On u’a pas assez songé que ces personnages meut.? étaient essentiellement comiques , necessaires aux iutri- Ona remarqué. avec raison, un vice dans la conduite gues d’amour. Ces hommes qui trafiquaient dela beauté, de Fintrigue. (Test le valet qui perd le marchand , et tire qui ifécoutaient que Icur interet, ct nullement l’inelina- son maitre d’embarras; cependant, par un brusque chan- tion des cœurs , étaient les obstacles naturels au succes gement d’intérèt, ce n'est pas lui qui denoue la pièce, ’ des passions véritables et pures. lls empècliaient les jeu- c’est le Carthaginois qui a cet honneur. C’est une seconde nes filles de prêter l’oreille aux vœux de ceux qui n’a- action qui commence à la fin de la pièce. vaient qu’une vive mais stérile tendresse ai leur offrir. Ils Quelques savants prétendent que la dernière scène est hatouaient et mettaient a la porte les galanls dépourvus apocryphe. En tout cas, elle est bien faite, et ne semble de philippes d’or. Ce sont les tuteurs et les oncles de la pas un hors-d’cnuvre. Si c'est une main étrangère qui Pa comédie ancienne. Comme eux, ils emploient toutes les écrite, e’est une main fort habile. ressources de leur vil génie, toutes les ruses de la cupidité On voit que le Cartltaginois est tout à fait etranger à la à contrarier les amours honnêtes et désintéressées. Un politique, et que Plainte ne spéculait point: sur les mau- pareil personnage était donc nécessaire pour animer I’in- vaises passions et le patriotisme cruel de son auditoire. trigue, exciter l'intérèt, faire naître sur la scene, tour à Un autre mérite de cette piece, c’est Vintention de réha- tour, Pespérauce et la crainte, en un mot, les incidents, bilitcr,d’er1noblir le commerce méprise des Romains; les péripéties, éléments essentiels du drame. Plante, au lieu d’immoler Carthage I1 famusemeut de On observe dans cette pièce plusieurs singularités: d’a- Rome victorieuse, voulait instruire, réformer cette or- bord un travestissement étranger, moyen dramatique ra- gueilleuse reine du monde, par l’él0ge,. par le spectacle rement en usage chez les anciens; un esclave conduisant de Vindustrie carthaginoise. Cela vaut mieux qu’une uncintrigue amoureuse, non pour son jeune maître, mais pièce de circonstance inspirée par les hainœ populaires. pour son propre compte; enfin, une fille de condition lime M. Naudet , d’ordiuaire si juste dans ses critiques, a lu mêlée à cette intrigue. Mais ce role fait beaucoup d’|iun· avec prévention cette comédie, qui offre plusieurs scènes neurà l’art du poete, qui, dans les démarches les plus gaies et attaehantes. L3 physionomie des deux jeunes lxasardées, sait conserver à cette jeune fille la retenue et lllles est singulièrement gracieuse. Elles sont dans la ser- le charme dela pudeur. vitude, chez un vil agentde débauche : mais par la pu- On trouvera aussi des indices curieux de Féducatiou deur de leur langage, par la noblesse de leurs sentiments, morale et politique des femmes. 011 sait que la loi des elles sont de condition libre: le dénoûment est le pres- Xll Tables était uu des livres d’éeole obligés. sentiment et le vœu des spectateurs. Le Persan est , dit-on, uu des derniers ouvrages de On trouve un curieux passage en langue carthaginoise, notre poete si fécond. Ijoriginalité des inventions, le qui fait, depuis trois siècles, le désespoir des érudits. style piquant et vigoureux irannoncent assurément ni Agius de Soldenis, chanoine maltais, dit que c'est la lan- l’cpuisement ni la vieillesse. une primitive de l’ile de Malte; uu autre savant, le co- lonel Wallantez, affirme que c’est de l’irlandais ancien; LE PETIT CARTIIAGINOIS. enfin, un commentateur gaseon soutient que c’est du has- _ _ _ que et du plus pur. Nous avons rendu ce morceau d’n· Iga Seconde Punuluc WDM fl'? ü""'· on Pouvaü pres la version latine, qui, pour etre consacrée, n’en est croire que le Petit Cmtlzugiuois etait une piece de cir· pas pins Sûic ii iii); ycmp “°‘[‘t““°°· Les Sl‘°°É“"’“"?~q“‘“P8"a'“m "'°"` b‘-‘f°"” En Le prologue renferme des détails fort curieux sur la plein théatre les ancœns rivaux de Rome, et se venger, on poiiœ des thèiiiœs amieiiS_ et 5,,, ia disiiiimtioii ,],2 ia 'î““t* de Carre et de Tîasîinènh mmm trompés dans salle, ou chacun avait sa place selon son rang. On y ne le"' au°“t°‘ C° Cmhagmmi Cst ““ b°“ et h°““êi*`* connaîtra de piquants rapports avec les habitudes mo- homme, excellent père de famille, chercliant par terre et demœ par mer ss deux filles qu’on lui a ravies. Il n’y a de ridi- cule quote titre et le costume que Plante livre a la risée des Romains. Au cinquième acte seulement, sans doute LE TROMPEUR, pour mieux assurer le succès de la pièce, il a répandu quelques épigramrnes contre la foi punique. Le Trompeuf était une des comédies favorites de Agorastocles aime éperdument une jeune (ille qui a été Plante, et Cicéron partage cette prédilection de l'auteur. enlevée avec sa sœur sur les cotes de Carthage. Le mar- Le Tmmpcur présente en effet des caractères bien tracés, chaud d’esclaves veut la lui faire payer en raison dc son dus scènes habilement conduites, des incidents naturels