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ET LES OUVRAGES DE PLAUTE. ru ment naturel de tous les hommes, qui s’adressent; comme la monarchie de Louis XIV. Le mouve- à tous les esprits, les saisissent et les charmeur. ment, les intrigues étaient dans les affaires publi- Nous ajouterons un fait tout récent bien glo- ques, an forum : mais la vie intérieure était silen- rienx pour Plainte , et digne du souvenir des amis cieuse et cachée. La maison, la famille étaient; nn. de l'antiqnité. Le 5 mars 1844, les Cctptms ont été sanctuaire qu`on ne devait pas mettre sur la scène, joués, dans la langue originale , à Berlin , par les et que les regards de Pohservateur ne pouvaient étudiants de l`Université, en présence du roi et pénétrer. Le poète ne pouvait donc produire au des princes, devant un auditoire d`hommes d’Etat, théâtre que des courtisanes; la loi et les mœurs, de littératenrs et d‘artistes. Les décorations repré- en cela du moins plus sévères que les nôtres , lui sentaient une place et une rue de Pompéi. Les cos- défendaient les femmes libres. Cette source d’in- tomes, de la plus exacte verite, avaient été donnés térêt si puissante lui était fermée. A peine dans par le roi. Des odes d‘Horacc , mises en musique les vingt comédies de Plante voit-on figurer quatre par M. Meyer-Beer, servaient d’intermèdes. ou cinq dames romaines; et aucune n’est Fhéroïne Cette magnifique et savante représentation a d’une intrigue amoureuse. Enfin, s`il n’a pas mis produit le plus grand effet. Ainsi, voilà Plante sur la scène des consuls, des sénateurs, des ques- solennellement remis au répertoire du théâtre mo- teurs, des tribuns, c’est que la censure deg édite; dcrne, et applaudi, en 1844, sur les bords dela et surtout la dignité romaine ne Fauraient pas Sprée, comme il y a 2000 ans sous les murs du souffert. Capitole! Voilà les personnages de la comédie ro- Malgré ces obstacles, on verra quelles ressources maine rendus à la vie, ranimés tout entiers , avec Plante sait tirer de son imagination, quelle variété leur langue et leur costume, par les soins il’nn il a répandue dans le choix dc ses personnages, prince, digne neveu d’un monarque homme de quelles physionomies diverses il leur imprime, de lettres, et le concours empressé de la doctc Alle- quelles nuances piquautes il marque leur caractère, magnet avec quel art inépuisable il modifie leurs passions, Un reproche à Plante l’unît”ormité de ses per- dans quelles situations différentes et nouvelles il sonnages. ~· Cest toujours, dit Laharpe, une jeune les place. C’est que Plante a parfaitement compris courtisaue, un vieillard ou une vieille femme qui le but de la comédie, qui est la peinture de la vie la vend , un jeune homme qui l’achète, et qui se commune: ne pouvant inventer des personnages, il sort tl`un galet fourbe pour tirrr de Vargent de son a pris ceux quela société lui donnait; les marchands père. Joignez-y un parasite ct un militaire fanfa- •ll`€SCl3V6S, l9< Vt€îllë1t'<]S §ll‘0ïld8¤t’S, 11V3l'€S Ou li- ron, modèle des capitans et des mawmores de bertins, lcs jeunes gens se ruinant pour des courti- notre vieille comédie. et vous aurez tous les carac- saues, des esclaves , des sycophcmles ou aventu· ' tères représentés dans les pièces de Plante. » cette ricrs, des usuriers, des parasites. mêlés aux intri- critique est injuste et inexacte. Dans le Reve- goes amoureuses, tels sontles personnages qu’i|a nant, dans la Corbeil/2, on verra desjeunes filles peints en distribuant les tons . Selon les Situations pleines de grace et de modestie qui, livrées aux et les besoins dela fable. Si le fond est le même, la mains d’un infâme agent de débauche, gardent couleur est toujours différente et nouvelle. leur vertu , et nous intéressent par la courageuse Il n’e st pas moins varié dans ses sujets et dans son résistance de leur pudeur; aillenrs,daus le Stichus, style. Il a écrit la comédie plaisante et intriguée ce sont deux épgugqg fidèles qui Cougar-,—cm teuy dans Anzplzitrycm, dans les /llénec/unes, dans Epi- amonr à leurs maris absents. Dans le petit Car- dieux, et il a composé le drame dans le Câble, tbaginois, c’est un père plein de sensibilité et de dans les Captyîs, dont la fable et le dénonment dévouement pour son enfant qn’il cherche par tous émeuvent et attend rissent. Ainsi La Chaussée, que pays. Dans les itlénec/imcs satin, lknmtié de deux Von accuse on qu’on loue tt`êtrc tinventeur du freres et l`honnêteté d`un esclave se mélcntlicureu· genre. a pu le trouver dans Plante. Cette invention sement à la gaieté entrainante de la fable. Ces cita- nous semble un des titres de gloire de notre poète, tions, que nous pourrions pousser plusloin, répon- une preuve de la iécondité, de la variété de sonima- dem; Sufligammgnt au reproche d’unifor-mixé que ginationzcar ledrame, comme tous les genres de lir- notre celèbre critique adresse trop légèrement au terature, nest pas mauvais en lui·même; il ne Vest théâtre de Plante. que par la tante de l’auteur. Ensuite il tant songer à l’état de la société ro- Un antre critique, plus illustre et surtout plus maine , aux personnages qu’cl|e pouvait fournir à t compétent , Horace , dans un accès d’liumeur tha- la comédie. La société antique n`ot'trait qu’un pc- l grmc, lui reproche un comique has, des plaisante· tit nombre de caracteres propres au théâtre. Ce que x rtcs grossières, Faccnsant d’avoir écrit plutot pour nous appelons le grand monde, cette source inc le peuple que pour les chevaliers. C’est que le puisable de faiblesses , de prétentions , d'intrigues_ peuple seul fait le succès des pièces, et qn’il estle de galanteries, cette immense galerie de ridicules, même partout et dans tous les temps. Notre de travers, de vices, ouverte à l'ohservation du Molière n’est-il pas obligé d’écrîre le Médecin poète comique, n'existait pas. La forme de la société malgré lut pour faire passer le Jtlisrmtlzmpe? romaine, essentiellement politique et guerrière, ne Cicéron, qui s’y connaissaitaussi, et que la verre faiorisait pas |`éducation d`un poète comique, satirique tfentrainait pas au dela du vrai, trouve