Aller au contenu

Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

DOUBLET.

Mais je me défendrai tant que je pourrai. J’ai fait choix d’un avocat… ou plutôt d’une avocate.

LE GEÔLIER.

Ah ! oui, je vois !

DOUBLET.

Qu’est-ce que vous voyez ?

LE GEÔLIER.

Il y a longtemps que vous n’avez pas vu de dames. Alors, vous n’êtes pas fâché d’en faire venir une ici. Voulez-vous du thé et des gâteaux ?

DOUBLET.

Y pensez-vous ! Je ne connais pas mademoiselle Adalbert que j’ai choisie sur la liste ; je m’imagine que c’est une personne déjà mûre et plutôt sèche. Mais c’est tout de même une âme de femme ; je ne suis pas fâché de faire mes confidences à une femme, et de lui expliquer que j’ai été amené ici par une excessive tendresse de cœur.

LE GEÔLIER.

Enfin, même si vous n’êtes pas dans l’intention de manquer de respect à cette dame, vous pouvez tout de même lui offrir des gâteaux.

DOUBLET.

Vous tenez à les placer, vos gâteaux.

LE GEÔLIER.

Je vais les chercher ; mais je crois qu’on frappe à la porte… C’est votre avocate.

DOUBLET.

Faites entrer. (À lui-même.) Brune et plutôt petite, voilà comme il me la faudrait.

Entre Léa ; elle est grande et blonde. Le geôlier sort.