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y a cinq ans, et tout dernièrement à Paris, à la mairie du sixième.

LÉA.

Et comment avez-vous pu vous mettre dans ce cas-là ?

DOUBLET.

Voilà ; il faut vous dire que ma femme d’Alger, après deux mois de mariage, m’a trompé… C’est une chose dont je ne me vante pas. Mais enfin, le fait est là ! Ç’a été un grand scandale ; son amant a reçu deux balles dans la tête…

LÉA.

Vous avez…

DOUBLET.

Non, pas moi ; moi, je n’étais au courant de rien ; il a été tué par un autre amant de ma femme, un homme très violent et qui ne badinait pas. Il avait été mis au courant par un troisième. Ma femme, après ce scandale, ne pouvait rester à Alger. Elle est partie… avec un autre de ces messieurs. Depuis son départ je ne l’ai jamais revue. Je ne sais même pas où elle est. Il y a trois mois, quand j’ai rencontré aux eaux mademoiselle Loriot, que j’ai épousée il y a trois semaines, j’ai fait mon possible pour divorcer d’avec mon ancienne femme. Mais je ne savais pas où elle était.

LÉA.

Vous auriez pu divorcer par défaut.

DOUBLET.

C’est ce qu’on m’a dit, mais j’ai horreur de la procédure, dès qu’elle est un peu compliquée ! Et puis j’avais juré à ma fiancée que je n’avais jamais connu l’amour. Je me suis dit que mon ancienne femme ne reparaîtrait plus, et qu’il valait mieux laisser ça tranquille. Seulement, le jour de mon mariage, il y eut un