Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/149

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LÉA.

Léa.

DOUBLET, étonné.

Léa ?… (Avec une moue.) Léa… (S’habituant au nom.) Léa ! (Avec satisfaction.) Léa… (Avec enthousiasme.) Écoutez, Léa ! Je vous aime ! Je sais très bien que, si vous m’aimiez un jour, ça ne peut pas être tout de suite… Mais je ne vous demande que de me laisser vous le dire… Et si vous ne m’aimez pas, gardez ça pour vous… Que je conserve au moins l’espérance que vous m’aimerez… et que je vous épouserai…

LÉA.

Encore !… Mais vous êtes déjà bigame !…

DOUBLET, tombant accablé.

C’est vrai, je suis bigame, et ce qui est pire, prisonnier. Tant que durera ma prison préventive, — et nous la ferons durer le plus longtemps possible, grâce à des remises innombrables — tant que je vous verrai tous les jours, ça ira bien ; mais après… je serai condamné, flétri !

LÉA, émue.

Écoutez, ne vous désespérez pas…

DOUBLET, exalté.

Vous m’aimerez flétri ?

LÉA.

Ce n’est pas ce que je veux dire. Ce qui me fait de la peine, c’est de vous voir malheureux. S’il vous a suffi de cinq minutes pour devenir amoureux de moi, vous ne trouverez pas étonnant que j’aie senti naître en moi pour vous une sympathie… certaine.

DOUBLET, transporté.

Ah ! Ils peuvent me condamner maintenant ! Ils peu-