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Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/226

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LE BARON.

Ah ! femme perfide !… Sortez, monsieur ! Sortez, godelureau ! gandin musqué !

Arsène sort du cabinet. Stupéfaction prolongée.
ARSÈNE, à l’avant-scène, à lui-même.

Je ne sais pas si, d’après la loi, le fait d’être trouvé dans une maison habitée, la nuit, peut entraîner une poursuite pour vol, du moment que le vol n’est pas consommé. Je voudrais bien être renseigné là-dessus.

LE BARON, à la baronne, avec une rage sourde.

Ainsi donc, c’est avec cet homme… Mais ce sont des mœurs du bas-empire !… (La baronne recule effarée. Au commissaire.) Je suis absolument écrasé ! Mais tout de même, j’aime encore mieux ça. Le fait de choisir un individu pareil correspond évidemment à un état morbide… Je ne suis pas l’époux d’une femme coupable, mais d’une malade.

LA BARONNE, entendant ces derniers mots.

Monsieur, de pareils soupçons sont horribles, sont affreux ! Je ne connais pas cet homme. (Au commissaire.) C’est un voleur qui s’est introduit là !

LE COMMISSAIRE.

Oui, c’est là votre système de défense… Je pense que monsieur l’adoptera également, comme la galanterie lui en fait un devoir. (À Arsène qui s’est tenu à l’écart.) Vous êtes un voleur, paraît-il, monsieur ?

ARSÈNE, vivement.

Pas du tout, monsieur ! Je ne suis pas un voleur ! Les apparences sont contre moi. Mais je ne suis pas un voleur ! Si je me suis introduit ici… (Illuminé d’une idée subite.) C’est une histoire de femme !