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Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/234

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FRANCINE.

Mais ce créancier… ce Ronchaud ? Ne m’as-tu pas dit que c’était un ami de ton père ? C’est donc un homme si impitoyable ?

ALAIN.

Maintenant, oui. Mais je l’ai connu très bon, excellent… Le jour où il m’a prêté les cinq cents louis. Ah ! ce jour-là, vois-tu, il m’est apparu comme le type parfait de l’homme de bien. Il avait alors pleine confiance en moi. J’avais promis de lui rendre les dix mille francs six mois après.

FRANCINE.

Tu attendais de l’argent six mois après ?

ALAIN.

Non. Mais j’étais sûr que j’en aurais. J’ai une imagination…

FRANCINE.

Très généreuse.

ALAIN.

Tu l’as dit. Elle me promet toujours des millions pour le semestre prochain. Deux jours avant l’échéance, j’avais tout juste dix louis pour payer ma dette. J’allai trouver Ronchaud pour lui demander un renouvellement.

FRANCINE.

Tu devais être très embêté ?

ALAIN.

Tu parles !… Ronchaud me reçut aimablement et me consentit un renouvellement de six mois, en m’avertissant qu’il aurait absolument besoin de l’argent à l’échéance. Je répondis, presque offensé, que c’était une chose évidente, qui ne souffrait pas la discussion