Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/26

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BETTY.

Votre bec dans de l’eau ! Oh ! pourquoi votre bec dans de l’eau ?… (Riant.) Oh ! monsieur Phéléber !

JULIEN.

Et puis je devais venir en France au compte de la maison, qui me fait trois mille francs de frais. Comme ça les frais de l’enlèvement seront au compte de la maison.

BETTY.

Oui, mais vous serez obligé me quitter pour les affaires.

JULIEN.

De temps en temps, j’aurai une course ; ça ne sera pas long. Et puis il vaut mieux se quitter de temps en temps ; si on était toujours ensemble sans se quitter on finirait par s’embêter. Il vaut mieux se quitter quelques instants, et se retrouver ensuite.

BETTY.

Oh ! moi, je me embête pas avec vous.

JULIEN.

Eh bien alors, mettons que je n’ai rien dit : je ne m’embête pas non plus. Voyez-vous ? J’ai toujours peur que vous vous embêtiez. Mais du moment que vous ne vous embêtez pas, je ne m’embêterai pas non plus… Je vais vous quitter pendant une demi-heure… Je vais aller au bureau de poste télégraphier à mon patron, et puis j’irai voir un client, rue du Quatre-Septembre.

BETTY.

Oh ! mais vous me laissez seule ! Si je voulais demander quelque chose ?

JULIEN.

Mais vous parlez très bien le français.

Entre la caissière.