Aller au contenu

Page:Theatre de Tristan Bernard 1.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

frais. (On sonne.) Tiens ! voilà le rapace ! Cinq heures vingt-cinq. Il avait dit cinq heures. Vingt-cinq minutes de répit ! C’est ce qu’il a bien voulu nous accorder. Eh bien ! attends ! Je vais lui apprendre à être si pressé. Il veut son argent tout de suite. Il ne l’aura pas, son argent ! Soyons poli.


Scène XXIII

ALAIN, FRANCINE, RONCHAUD.
ALAIN.

Monsieur Ronchaud ! ça va bien, monsieur Ronchaud ! Je n’ai rien de très agréable à vous dire. Je n’ai pas l’argent.

RONCHAUD.

Mais tout à l’heure vous m’aviez dit que vous l’aviez.

ALAIN.

Maintenant je vous dis que je ne l’ai pas.

RONCHAUD.

Et vous me dites ça comme ça ?

ALAIN.

Comment voulez-vous que je vous le dise ? Vous êtes un homme sérieux, et vous n’aimez pas les faux-fuyants. Assez de faux-fuyants ! Voulez-vous que je vous dise : j’ai l’argent, alors que je ne l’ai pas ? Non, je suis simple, je suis… franc. Je n’ai pas l’argent. Alors je dis : Je n’ai pas l’argent.

RONCHAUD, avec un violent effort pour se contenir.

Bien. Vous savez ce qui vous attend ?