Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/121

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l’empereur devant vous ; pourquoi ne mettez-vous pas pied à terre ? »

Plein de trouble et de confusion, Tong-Tcho descendit de cheval et s’alla ranger au côté gauche du cortège, frappant la terre de son front. Alors le prince Tching-Wang calma par des paroles bienveillantes la colère que son interpellation sévère avait soulevée dans le cœur de Tong-Tcho. Dans toute cette circonstance il ne prononça pas une parole déplacée, et au fond l’audacieux général ne put s’empêcher d’admirer tant de dignité et de discrétion chez un enfant de neuf ans.

De retour au harem, dès ce même jour, le jeune souverain se rendit près de l’impératrice sa mère ; et là ils versèrent ensemble un torrent de larmes. Au milieu du désordre de la veille, le sceau de jade, héréditaire dans la famille impériale, avait été égaré.

Cependant Tong-Tcho avait rassemblé ses troupes hors des murs ; chaque jour des cavaliers armés et revêtus de cuirasses entraient par milliers dans la ville ; ils encombraient les rues et les marchés. Le peuple ressentait de grandes inquiétudes. D’un autre côté, deux des généraux, Wang-Kwang et Tchao-Mao, qui servaient sous les ordres de Ho-Tsin, instruits de la fin tragique de celui-ci, étaient retournés avec leurs divisions dans leur pays respectif. Alors Tong-Tcho, libre d’agir au gré de ses désirs, put aller et venir dans le palais, sans crainte et sans obstacle.

Quant à Pao-Sin, commandant du 4e corps d’armée, il alla voir Youen-Chao et lui dit combien il craignait que Tong-Tcho, cachant une arrière-pensée, n’entravât la marche du gouvernement établi ; mais l’ordre de choses était si peu consolidé encore, qu’on ne devait pas à la légère prendre les armes : tel était l’avis de Youen-Chao. Pao-Sin ne trouva pas Wang-Yun, général en chef de l’infanterie, mieux disposé ; et il se jeta dans les monts Tay-Chan avec les troupes amenées de sa province.

Les soldats commandés par Ho-Miao (frère de Ho-Tsin, et égorgé comme complice du meurtre de celui-ci) s’étaient facilement rendus aux sollicitations de Tong-Tcho ; alors ce der-