Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/380

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Les illustres personnages que l’auteur présente ici comme des héros doués de courage, de désintéressement, de toutes les vertus publiques et privées, nous les voyons plus loin reparaître sous des couleurs beaucoup moins favorables, et presque tous ils finissent par se montrer d’ambitieux partisans, plus préoccupés de se déclarer indépendants et libres dans des principautés et des royaumes isolés, que de veiller au salut de l’empire.


Liéou-Hiuen-Té était allié à la famille impériale, voilà pourquoi il arborait la bannière jaune. Il ne faut pas oublier que le nom propre des Han est Liéou ; ils le tiennent de leur aïeul Liéou-Pang.


Cette scène assez solennelle de la nomination d’un chef des confédérés et de la prestation du serment se trouve dans l’histoire de la Chine à des époques antérieures et dans des circonstances analogues. L’an 23 de l’ère chrétienne, quand de fidèles sujets se levèrent en masse contre l’usurpateur Wang-Mang, on éleva un théâtre sur lequel on fit monter Liéou-Hiuen ( de la famille des Han ) comme sur un trône ; là, tous les officiers généraux saluèrent leur chef. Plus tard , quand un autre parti dévoué aussi à la légitimité fut assez considérable, les chefs (Wey-Tsouy, Wey-Y et Wey-Ngao) élevèrent un vaste pavillon dans lequel on sacrifia en l’honneur du fondateur de la dynastie des Han et des plus célèbres empereurs de cette famille. Ensuite les généraux assemblés tuèrent un cheval dont ils burent le sang suivant l’ancienne coutume, et firent le serment de sacrifier leur vie pour punir le perfide Wang-Mang et rendre aux Han le trône usurpé par celui-ci.


Les cinq bannières (appelées en chinois Ky, en mandchu To), doivent être regardées ici comme des étendards sur lesquels étaient représentés deux dragons enlacés. La grande bannière blanche (en chinois Pé-Mao, en mandchou Changguian-Mâo), est un étendard orné de la queue d’un bœuf sauvage. Quant à la hache, voici l’explication qu’on en donne au vol. VII des Mémoires sur les Chinois, article 1er du Lou-Tao :