Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/384

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nelles ardentes, à la barbe hérissée comme le tigre ; la lance en arrêt, il se précipite et crie d’une voix méprisante : Vil esclave, trois fois traître, ne fuis pas ainsi ! Je suis Tchang-Fey, du pays de Yen.

« Liu-Pou le voit, et, cessant de poursuivre Kong-Sun-Tsan, il s’attache à ce nouvel adversaire. Tchang-Fey brille de tout son courage surnaturel en se préparant à cette lutte terrible ; les grands généraux l’admirent et restent immobiles. D’un cité, Tchang-Fey en manœuvrant sa pique déploie une vigueur incroyable, une force désordonnée ; de l’autre, LiuPou s’anime peu à peu.

« Enfin, transporté de colère, le bouillant Tchang-Fey pousse un cri, Kouan-Mo lance son cheval en avant, brandit son lourd cimeterre recourbé comme une faux ; Liu-Pou est assailli de deux côtés : les trois chevaux se heurtent, les trois cavaliers s’attaquent trente fois. À cette vue, Hiuen-Té éprouve une secrète joie. — Si je ne frappe pas maintenant, se dit-il, quelle meilleure occasion puis-je attendre ? Armé de son cimeterre à deux tranchants, il fouette son cheval aux crins jaunes et se jette sur Liu-Pou. Les trois amis, les trois frères adoptifs, entourent le terrible guerrier, qui résiste sur tous les points comme un phare tournant.

« Les huit chefs confédérés sont éblouis de tant d’audace ; Liu-Pou, cependant, ne peut tenir tête à cette triple attaque. Visant droit à la face de Hiuen-Té, il lui porte un coup de lance que celui-ci évite, et tandis que son ennemi a fait un mouvement pour parer le fer, il profite du moment pour s’esquiver ; la lance inclinée, il fouette son cheval rapide et se sauve. Les trois guerriers le poursuivent sans relâche ; alors aussi, avec de grandes clameurs, marchent les huit divisions. Les troupes de Liu-Pou fuient précipitamment vers les passages ; serré de près par ses trois redoutables adversaires, le héros arrive au pied du rempart ; là, Tchang-Fey lève la tête et voit… »