Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces hommes-la ne s’entendent pas trop, et certainement la division se mettra dans le camp ennemi. Yen-Léang et Wen-Tchéou sont de pauvres guerriers que nous battrons à la première rencontre ; les autres ont de pareils défauts et valent tout autant ; fussent-ils un million, que peuvent-ils faire ? Rien, voila pourquoi je juge Youen-Chao incapable de rien mener à bien ! » Et comme Kong-Yong ne répondait pas, Tsao reprit d’un air triomphant : « Rien n’échappe à la sagacité de Sun-Yo ! »

Aussitôt il remit sa bannière à Liéou-Tay et à Wang-Tchéou, en les chargeant d’attaquer Hiuen-Té avec cinquante mille hommes. Lui-même à la tête de sa grande armée, forte de deux cents mille hommes, il se dirigea à la rencontre de Youen-Chao. Le conseiller Tching-Yu craignait que les deux chefs envoyés contre Hiuen-Té, ne fussent pas assez forts pour résister à un pareil ennemi : « Je le sais, répondit Tsao ; quant à présent, je veux déployer une force imposante et voilà tout. Aussi je leur recommande de ne point attaquer avant que je n’aie battu YouenChao ; cela fait, je me tournerai contre cet autre adversaire. » Les deux généraux partirent munis de ces instructions ; Tsao de son côté arriva bientôt près de Ly-Yang ; un espace de huit milles seulement séparait les deux armées. De part et d’autre, on entoura le camp de fossés profonds et de hauts retranchements ; on s’observa sans combattre, depuis le huitième jusqu’au dixième mois.

Cependant, du côté de Youen-Chao, Hu-Yéou et Chen-Pey n’étaient pas d’accord dans le commandement des troupes ; Tsu-Chéou se montrait mécontent de ce que ses plans n’avaient pas été adoptés ; il y avait donc la mésintelligence, et on ne s’occupait pas d’avancer dans cette campagne. Inquiet, ne sachant à qui se fier, Youen-Chao ne songeait pas trop à prendre l’offensive. Aussi Tsao retourna-t-il à la capitale, après avoir dit à Tsang-Pé de surveiller les villes de Tsing et de Su-Tchéou, à Yu-Kin et à Ly-Tien d’établir leurs forces sur les bords du Ho, et à son parent Tsao-Jin, nommé général en chef pendant son absence, de garder le passage même du fleuve.