Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/242

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vous poursuivre ; il reconnaît qu’en partant de votre propre volonté, vous n’avez fait qu’obéir aux devoirs les plus impérieux. C’est parce qu’il n’avait pas eu l’honneur de vous reconduire comme un hôte de distinction, qu’il se donne la peine de venir ; il m’a envoyé en avant pour vous prier de l’attendre. — Eh bien, répliqua Yun-Tchang, il aura des cavaliers avec lui, et moi je suis seul ; mais je combattrai jusqu’a la mort ! »

Marchant donc quelques pas en arrière, il se plaça sur la défensive au milieu du pont de Pa-Ling, et vit paraître Tsao accompagné de quelques cavaliers, suivi de plusieurs de ses généraux[1], qui galopait vers lui. Quand Tsao de son côté l’aperçut le sabre en travers sur la selle, et à cheval à l’entrée du pont, il cria à ses officiers de faire halte. Ceux-ci se rangèrent à droite et à gauche de leur maître, et comme ils ne portaient aucune arme, Yun-Tchang se rassura sur leurs intentions.

« Général, lui cria Tsao, pourquoi cet empressement à nous quitter ? — J’ai déjà expliqué mes motifs à votre excellence, répondit le héros, en saluant avec courtoisie sans descendre de cheval ; mon ancien maître est près de Youen-Chao, je dois, avec toute la rapidité possible, me joindre à lui. A plusieurs reprises, je me suis présenté à votre hôtel sans avoir l’honneur d’être reçu ; en désespoir de cause, je vous ai écrit une lettre d’adieux ; le sceau de mon titre de prince, je l’ai déposé ; tous les cadeaux que m’a faits votre excellence, je les ai rendus. Quant à vous, seigneur, je l’espère, vous n’oublierez pas d’anciennes promesses ? »

« J’ai promis à la face du monde, reprit Tsao-Tsao ; pourrais-je manquer à ma parole ? La pensée qu’il vous manque probablement certains objets indispensables dans ce voyage, m’a seule engagé à venir vous les offrir comme présents d’adieux. » Et l’un des généraux de sa suite tendait au héros un vase d’or. « Quoi, seigneur, répliqua celui-ci, vous me comblez encore de vos libéralités ? Non, gardez plutôt ces choses précieuses pour en distribuer

  1. Si le lecteur veut savoir leurs noms, nous lui dirons que c’étaient : Hu-Tchu, Su-Hwang, Yu-Kin et Ly-Tien.