le bord du chemin qu’il parcourait ainsi, trois hommes se montrent à lui ; appuyés sur des lances, l’arc sur le dos, ils se tenaient debout au milieu de bamboux épais.
« Qui êtes-vous, leur demanda-t-il, en arrêtant son cheval ?
— Des soldats du corps de votre lieutenant Han-Tang ; nous guettons le cerf[1]. » La-dessus, Sun-Tsé lâche la bride à son coursier et continue de courir ; mais l’un des trois assassins lui enfonce sa lance dans la cuisse gauche ; Sun-Tsé pousse un grand cri, tire le cimeterre pendu à sa ceinture, et comme il se jette en avant pour porter un grand coup, la lame se détache et tombe ; il ne lui reste en main que la poignée : un second assassin profite de l’instant et décoche une flèche qui se pique dans la joue de Sun-Tsé. Celui-ci arrache le trait de la blessure, saisit son arc précieux et lance à son tour un flèche contre celui qui l’a frappé au visage ; l’homme tombe aussitôt, mais ses deux compagnons, levant leurs lances, portent à tort et à travers de grands coups a Sun-Tsé en criant : « Nous sommes des gens de la maison de Hu-Kong et nous sommes venus exprès pour venger notre maître ! »
Sun-Tsé n’a plus d’armes offensives ; il frappe ses deux adversaires avec le bois de son arc ; ceux-ci luttent en désespérés sans reculer d’un pas. Déjà, ils ont porté au jeune conquérant dix coups de lance ; son cheval aussi est criblé de blessures ; sa situation devient de plus en plus critique, mais Tching-Pou, qui arrive avec quelques cavaliers, cerne les trois assassins et les met en pièces ; il aperçoit son maître le visage tout baigné de sang !...
Les blessures de Sun-Tsé étaient graves ; Tching-Pou fend sa tunique d’un coup de sabre et, après avoir bandé les plaies de son maître, il l’emmène dans sa capitale. Le fameux médecin Hoa-To[2] s’était, vers cette époque, retiré dans les domaines impériaux[3] ; on le chercha en vain ; il n’y avait à Ou-Kiun