Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/324

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Tchang-Ho, je désapprouve votre projet. Tsao sait bien comment on fait la guerre ! S’il a quitté son camp, il ne l’a pas laissé à la merci d’une attaque ; si nous attaquons ses retranchements, et que notre tentative échoue, c’en est fait du gouverneur de Ou-Tchao et des siens, nous voilà nous-mêmes exposés à périr, et la perte de cette ville pleine d’approvisionnements, retombera sur le général en chef ! »

« Si Tsao attaque la place en personne, répliqua Kouo-Tou, peut-il avoir laissé du monde dans son camp ? Non ! Je vous en supplie avec instance, permettez-moi d’attaquer ses retranchements ! »

Youen-Chao donna cinq mille hommes à Tchang-Ho et à Kao-Lan, en leur recommandant de se porter sur le camp ennemi, tandis que Tsiang-Ky, avec dix mille soldats, irait au secours de la ville menacée. Ce dernier s’approchait des murs ; Tsao averti à temps, dit aux siens  : « Arborez les bannières enlevées à l’ennemi, et faites-vous passer pour les troupes déjà battues du gouverneur, qui retournent à leur camp. » Ainsi firent-ils ; au milieu des défilés ils rencontrèrent Tsiang-Ky, et traversèrent ses lignes en disant que la ville était prise, et qu’après avoir été battus ils regagnaient les camps de Youen-Chao, suivis de près par les troupes victorieuses.

Quand ils furent au milieu de cette division, les deux généraux (Tchang-Liéao et Hu-Tchu) se mirent tout à coup a crier  : « Tsiang-Ky, ne fuis pas ! » Paralysé, interdit, celui-ci ne put faire un mouvement ; Tchang-Liéao le renversa d’un coup de sabre, ses troupes tombèrent décimées ; un courrier dépêché par Tsao courut porter à Youen-Chao cette fausse nouvelle « Tsiang-Ky a déjà dispersé et mis en pleine déroute les brigands qui occupaient la place. » Ce qui fut cause que Youen-Chao n’envoya plus personne au secours de la ville qu’il croyait sauvée.

Cependant Tchang-Ho et Kao-Lan attaquaient le camp de Tsao ; assaillis en même temps, les trois généraux[1] qui le défendaient parvinrent à repousser l’ennemi. À ce moment arri-

  1. C’étaient à la gauche Hia-Héou-Tun, à la droite Tsao-Jin, et au centre Tsao-Hong ; ces deux derniers, parents du premier ministre.