Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/377

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ne peuvent exprimer ; l’esprit qui s’est manifesté sous la forme de ce nuage, n’est point de ceux qui se montrent à la naissance d’un sujet.. » A l’âge de huit ans, il savait lire, et sa perspicacité l’élevait au-dessus de tous les jeunes gens de son âge. Les King (les livres canoniques) anciens et modernes, les chefs-d’œuvre littéraires[1], les livres des diverses sectes, n’avaient pas de difficultés pour lui ; il savait parfaitement monter à cheval et tirer de l’arc en galopant : il excellait dans l’art de manier le sabre. Sa mère appartenait à une famille (de Lang-Yé) du non de Pien ; c’était la fille d’une simple courtisane, que Tsao avait placée au nombre de ses concubines[2]. Au temps de l’expédition contre la ville de Ky-Tchéou, ce jeune fils l’accompagnait ; après la victoire, il entra dans la place suivi de ses propres troupes et se dirigea tout droit vers le palais qu’habitait la famille de Youen-Chang. Arrivé devant la porte, il met pied à terre, le sabre au poing, et se prépare à pénétrer dans ce palais : « Son excellence a défendu de laisser passer

  1. Les King sont les livres canoniques, à savoir : Le Y-King, livre des transformations ; le Chy-King, livre des vers ; le Chou-King, annales impériales ; le Ly-Ky, mémorial des cérémonies ; le Tchun-Tsiéou, chronique du royaume de Lou, au temps où vivait Confucius. — Les chefs-d’œuvre littéraires ou Taï-Tsé, sont dix ouvrages écrits par les plus brillants littérateurs du céleste Empire. L’histoire des Trois-Royaumes de Lo-Kwan-Tchong, tient le premier rang parmi ces monuments de la littérature chinoise. Au second rang, on place le Yu-Kiao-Ly (les deux cousines), que la traduction d’Abel Remusat a rendu populaire en France ; puis vient le Hao-Kiéou-Tchouen (la femme accomplie), traduit en anglais par M. Davis, et en français par M. Guillard-d’Arcy. Le quatrième de ces ouvrages est le Ping-Chan-Ling-Yen (les deux chinoises lettrées), le plus difficile de tous, que M. Stanislas Julien pouvait seul faire passer dans une langue européenne ; le cinquième est le Choui-Hou-Tchouan (histoire des migrations), dont M. Bazin prépare une traduction. Le Si-Siang-Hy (histoire du pavillon occidental), est considéré comme le cinquième ; on y ajoute le Pi-Pa-Ky (histoire du luth), publié en français par M. Bazin ; le Hao-Tsien-Ky (histoire du papier à fleur d’or) ; le Pé-Kouei Tsy (la tablette de jade blanc), et le Ping-Kouei-Tchouen (la pacification des démons).
  2. Le texte ajoute : C’est pourquoi elle lui avait donné un fils ; c’est-à-dire un fils qui devenait son héritier.