Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/383

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du moment favorable pour se rendre maître de quatre districts[1] ; instruit de la fuite de son frère Youen-Chang dans les monts Tchong-Chan, où les troupes impériales l’avaient assailli la nuit, et d’où ses soldats affaiblis, diminués de nombre, peu disposés à se battre, s’étaient enfuis à la première alerte ; sachant en outre que celui-ci avait l’intention de rejoindre dans la ville de Yéou-Tchéou leur autre frère Youen-Hy, il s’occupait à rassembler les forces dispersées après la déroute, pour tâcher de reprendre sa capitale (Ky-Tchéou). Aussi refusa-t-il de se présenter devant le premier ministre qui le fit appeler. Celui-ci, furieux, lui envoya par courrier une lettre d’injures et de reproches à propos de la rupture du mariage projeté avec sa fille ; puis, à la tête du principal corps d’armée, il alla camper à Ping-Youen, décidé a châtier sa mauvaise foi[2]. Youen-Tan, qui ne se sentait pas de force à lutter, quitta cette position et vint se renfermer dans Nan-Py[3].

Au premier mois, au printemps de la dixième année KienNgan (205 de J.-C.) Tsao-Tsao avait conduit ses soldats devant cette ville de Nan-Py. L’air était froid et glacial ; la rivière gelée ne permettait pas aux bateaux d’amener des grains pour l’armée. Un ordre du premier ministre enjoignit aux habitants de la contrée de casser la glace et de traîner les barques chargées de vivres pour éviter des fatigues aux soldats. Mais les habitants de la contrée, instruits de cette proclamation, s’enfuirent dans le fond des montagnes. Outré de colère, Tsao-Tsao ordonna à ses troupes de mettre à mort tous les gens du pays qu’ils pourraient attraper ; et aussitôt ces malheureux se rendirent d’euxmêmes au camp impérial. « Si je ne vous fais pas mettre à

  1. Ceux de Kan-Ling, Pou-Hay, Ngan-Ping et Ho-Hien.
  2. Liu-Pou avait voulu marier sa fille à l’ainé des fils de Youen-Chao ; l’affaire avait manqué, et comme il ramenait la jeune fiancée, Tsao-Tsao avait cherché à conclure une alliance du même genre qui n’avait pas réussi non plus. Ainsi, dans la famille des Youen, c’était toujours la même incertitude, la même fluctuation. (Note de l’édition in-18.)
  3. Près de Ho-Kien-Fou dans le Pé-Tché-Ly. (Histoire générale de la Chine, vol. IV, page 37.)