Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/399

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répondit Tsao-Tsao en souriant ; puis il remit aux gens qui lui avaient apporté le message de Kong-Sun-Kang des récompenses pour eux, et pour leur maître un sceau avec le titre de prince de Hiang-Ping ; il y ajouta le grade de général de la gauche.

Quand les envoyés furent partis, les généraux demandèrent au premier ministre ce que signifiaient ces mots : « Je n’ai fait que suivre les instructions de Kouo-Kia. » Pour toute réponse, il leur montra le billet qu’avait laissé le mandarin et qui contenait ceci : « Voici ce que j’ai appris : Les deux Youen ont cherché un refuge dans le Léao-Tong ; gardez-vous de mettre vos troupes en mouvement. Il y a longtemps que Kong-Sun-Kang craint les projets ambitieux de Youen-Chao et de ses fils. L’arrivée de ceux-ci lui causera des alarmes ; si vous marchez précipitamment contre lui, certainement il s’unira aux fugitifs pour vous résister ; vous devez donc plutôt attendre quelque temps avant d’agir ; car si vous tardez un peu, les deux fugitifs et leur hôte chercheront réciproquement à se détruire... »

A la lecture de ce papier, les officiers laissèrent éclater leur admiration ; Tsao-Tsao les emmena tous devant la tombe du mandarin sur laquelle il lui offrit un sacrifice. Kouo-Kia était mort à l’âge de trente-huit ans ; il en avait passé onze à combattre dans les guerres de ce temps, où il s’était acquis une grande gloire. En se retirant vers Ky-Tchéou, Tsao-Tsao envoya le cercueil du fidèle mandarin en avant et sous escorte à la capitale, pour qu’on l’y ensevelît. Tcheng-Yu et les autres conseillers lui proposèrent, puisque les provinces du nord se trouvaient pacifiées, de revenir auprès de l’Empereur, et de former là de nouveaux plans pour soumettre les rebelles de la rive méridionale du Kiang. « J’ai ce désir moi-même, répliqua-t-il en souriant ; vous avez exprimé cette pensée avant moi, mais elle est d’accord avec mes propres intentions. »

Cette même nuit, comme il s’était retiré dans un pavillon situé à l’angle oriental de la ville de Ky-Tchéou, le ministre tout puissant, appuyé sur la balustrade, examinait l’aspect