Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/97

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et que nous devions ; seigneur, voler à votre secours. Ainsi faisions-nous en toute hâte ! — C’est encore un tour que nous a joué ce traître, murmura Kong ! — Ah ! reprit Liu-Pou en fureur, je le tuerai, certes, je le tuerai ! »

En approchant de Siao-Pey, il s’aperçut que Tsao-Jin (parent et général du premier ministre) s’en était déjà emparé ; du pied des murailles il éclata en invectives contre Teng, et celui-ci, du haut des remparts, lui répondit tranquillement : « Je suis un ancien serviteur des Han ; pouvais-je consentir à recevoir plus longtemps les ordres d’un rebelle ! » Dans sa rage, Liu-Pou voulait enlever la ville d’assaut ; derrière lui s’élèvent tout à coup de grands cris ; une division parait. Kao-Chun, envoyé en reconnaissance, annonce qu’il a vu Tchang-Fey (frère d’armes de Hiuen-Té) au premier rang. En vain il tente de lutter contre ce héros, qui le force à fuir et enfonce ses lignes. A son tour, Liu-Pou se précipite contre lui. Tandis qu’ils sont aux prises, de nouveaux cris se font entendre ; l’armée impériale culbute les bataillons de toutes parts, et Liu-Pou, traînant sa pique abaissée, fuit vers l’orient. Déjà Tsao est sur ses traces, qui le harcèle avec ses divisions ; il galope toujours, épuisé de fatigue et fouettant son cheval harassé. Un ennemi encore lui barre la route : c’est Yun-Tchang, le héros au grand sabre (l’autre frère d’armes de Hiuen-Té), qui s’élance vers lui en criant : « Arrête, arrête ! »

Liu-Pou marche bravement à sa rencontre ; mais Tchang-Fey le poursuivant toujours, il n’a que le temps de se jeter furtivement dans la ville de Hia-Pey ; un de ses lieutenants, Héou-Tching, l’y reçoit avec ses troupes. Alors aussi, Yun-Tchang et Tchang-Fey, séparés après la récente défaite de leur maître[1], se retrouvent et se racontent ce qu’ils ont fait depuis ce jour fatal. Le premier s’était retiré sur le chemin de Hay-Tchéou ; là, se tenant aux aguets et averti de ce qui se passait, il avait pu prendre part aux événements. Le second, caché dans les monts Mang-Teng, y avait mené la vie de chef de partisans. Tous les deux, ils allèrent saluer Tsao-Tsao, et quand ils virent près du

  1. Voir plus haut, page 73.