Page:Theuriet – Frida.djvu/115

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pas s’y promener ?… En ce cas, ne serait-il pas préférable de l’informer de ma tentative, par une lettre que je déposerais aux pieds de la statue et qui lui sauterait aux yeux lors de sa première sortie ?…

Cet expédient me sembla admirable et je résolus sur-le-champ de mettre mon projet à exécution.

Je courus quérir une plume et de l’encre. En passant, je chipai dans le cabinet de mon père un élégant cahier de papier à lettre et je remontai, plein de feu, dans le capharnaüm. Je ne cherchai pas longtemps ce que je dirais à ma petite amie. Je me laissai aller à mon inspiration et j’écrivis ingénument ce que me dictait mon cœur. — Bien des saisons se sont succédé depuis ce jour d’hiver, et pourtant je me rappelle presque mot pour mot le contenu de ma lettre. J’en retrouve le texte au fond de ma mémoire, comme on retrouve après de longues années, dans les pages d’un dictionnaire, une fleur amincie et frêle, mais gardant