Page:Theuriet – Frida.djvu/154

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j’étais banni à jamais. Et tout d’un coup, à l’une des croisées du rez-de-chaussée, un rideau se souleva, et je crus entrevoir la fine silhouette de Frida. À peine avais-je eu le temps de l’apercevoir, que le rideau fut rabaissé violemment par une main sèche, qui devait être celle de Fraulein, et la croisée voilée ne refléta plus que les rougeurs du couchant. Je ne sais si M. du Kœler se douta de quelque chose, mais il me ressaisit la main et m’entraîna vivement vers la grille.

— Tu as bien vu cette allée et cette porte ? dit-il avec sa froideur narquoise.

— Oui… monsieur.

— Eh bien ! tâche de les oublier, car tu n’y passeras plus… Quant à la brèche du mur, les maçons la boucheront dès demain.

Il me poussa dehors, referma la grille, et me serrant toujours la main dans ses gros doigts noueux :

— Jamais ! tu entends, jamais !

J’essayai de nouveau de le fléchir :

— Monsieur du Kœler, m’écriai-je, je vous pro-