Page:Theuriet – Frida.djvu/160

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inattendue me rassérénait et me mortifiait à la fois ; j’avais appréhendé un dénouement dramatique, et cela finissait par une prosaïque buverie. Il était clair qu’on ne me prenait pas au sérieux et qu’on se gaussait de mon aventure.

Une demi-heure s’écoula. M. du Kœler sortit enfin et son pas solide sonna sur les pavés de la rue.

Céline, rouge et les yeux gonflés, rentra avec la lampe.

Au même moment, la porte de communication s’ouvrit et mon père parut. Il tenait ma lettre à la main :

— J’en apprends de belles ! s’exclama-t-il. — Il s’efforçait de grossir sa voix, mais je vis bien vite qu’au fond il n’était pas sérieusement en colère.

— Petit drôle, poursuivit-il, tu te mêles d’écrire des déclarations aux demoiselles !… C’est commencer un peu tôt !… Attends au moins de savoir l’orthographe… C’est toi qui as rédigé tout seul ce billet doux ?

— Oui, papa, répondis-je, très penaud.