Page:Theuriet – Frida.djvu/37

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de secrètes accointances avec eux et qu’elle m’emmenait peut-être dans un de ces châteaux enchantés dont elle m’avait tant de fois décrit les fantastiques avenues, gardées par des géants et des dragons. Je n’osais plus l’interroger, tant la peur me coupait la respiration. J’avais beau me répéter avec mon professeur, M. Berloquin, que toutes ces choses n’existaient pas en réalité, que les sorciers étaient des farceurs et les récits de châteaux enchantés, des contes à dormir debout. Cela ne me tranquillisait pas. Je regardais M. Berloquin comme un cerveau borné et, au fond, je lui en voulais de chercher à détruire mes chimères.

Nous quittâmes enfin l’interminable ruelle. Nous nous remîmes à gravir une côte que le voisinage de grands arbres plongeait dans une obscurité formidable, puis nous nous trouvâmes en pleins champs. Un plateau onduleux de friches vaporeuses et de vignes dont les sarments noueux rampaient tout noirs sur la terre gelée, s’étendait autour de nous, borné seulement par de loin-