Page:Theuriet – Frida.djvu/72

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en me jetant un écheveau de laine entre les mains : « Tu vas m’aider à dévider cette laine… Tâche de t’y prendre adroitement, sinon à chaque fil que tu lâcheras, le perroquet t’appliquera un coup de bec sur les doigts !… » L’écheveau n’en finissait pas et j’avais d’horribles transes de laisser échapper un fil. Pendant ce temps, la mère Chiffaudel me regardait de travers, sa bouche édentée grimaçait un mauvais sourire et le perroquet ricanait du fond de son gosier : « Il va lâcher le fil… Ha ! ha ! ha !… » Tout à coup, Frida descendait de la fenêtre, pareille à un blanc rayon de lune ; elle soufflait sur la laine embrouillée qui se changeait en un écheveau de soie couleur d’or pâle et, tandis que les deux vieilles, avec le perroquet, s’évanouissaient en fumée, j’entendais l’argentine voix de Frida qui murmurait :

« L’écheveau de soie est fait avec mes boucles, et quand il sera entièrement dévidé, nous nous marierons tous les deux… »