Page:Theuriet – Frida.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mon assiette, mais je mangeais sans enthousiasme. Au dessert, heureusement, une tarte à la confiture de couetsche me réconcilia avec le menu. Un vin blanc dont on l’arrosait et qui sentait la pierre à fusil remplaça avantageusement la bière et me délia la langue.

Néanmoins, ma satisfaction ne fut complète que lorsqu’on se leva de table et quand la grand’tante Odile nous dit de sa grosse voix gutturale :

— Maintenant, enfants, je vous donne campos… Couvrez-vous chaudement et allez vous promener au jardin…

J’endossai mon manteau, Frida s’emmitoufla dans sa palatine de chèvre mouflue, et nous voilà partis.

Au dehors, le soleil luisait clair, mais n’avait pas assez de chaleur pour fondre le givre des pelouses. La terre résonnait sous nos pieds et, à l’exception de quelques touffes de roses de Noël, les plates-bandes gelées étaient absolument nues. Parmi les parterres, on ne voyait que des