Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

humides tandis qu’il répétait, sur un air doux comme une berceuse :


Sebiya del alma mia[1]
Sebiya de mi consuelo !…


On eût dit que tout à coup la petite chambre froide, pauvrement meublée, mal éclairée par une fenêtre donnant sur une cour étroite, lui paraissait pleine de soleil, et, se promenant de long en large, sa guitare entre les bras, il reprenait d’une voix éclatante, qui devait plonger dans la stupéfaction ses dévotes hôtesses :


Primero que te olbide[2]
Sebiya la beya,
Echaran los olibos
Limones agrios !…


L’accent dont cet exilé disait cela vous tirait les larmes des yeux.

L’été de 1840 trouva Palomino Palacios tout à fait acclimaté à Villotte. Il était attaché comme prêtre habitué à la paroisse Notre-Dame ; plu-

  1. Séville de mon âme, — Séville, ma consolation !
  2. Avant que je t’oublie, — Séville la belle, — les oliviers porteront — des citrons aigres !