Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/155

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reprit-elle doucement en posant son ouvrage sur la table… Vous êtes bien changé depuis quelques semaines… Qu’avez-vous donc ?

— Je n’ai rien.

— Si fait, vous n’êtes plus le même… Vous négligez vos amis, et les livres que vous aimiez autrefois, vous ne les ouvrez plus.

— Vous vous trompez, Manuelita.

— Non, je ne me trompe pas, soupira-t-elle en secouant la tête. Quoique je ne sois qu’une enfant, il y a bien des choses que je devine et qui me font de la peine… Ce n’est plus de l’église maintenant que je suis jalouse, c’est de la femme qui a pris votre cœur et qui n’est pas digne de vous.

— Voilà, en effet, des propos qui ne sont guère d’une enfant et que je suis étonné de trouver dans votre bouche ! interrompis-je avec impatience.

— Oh ! cette femme, continua-t-elle en s’animant et en se levant, je la hais parce qu’elle vous rend malheureux !

— Assez, Manuelita, vous êtes folle ! m’écriai-je rudement. Et je me hâtai de regagner ma chambre, qui était voisine de la sienne.