Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/157

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sions de péché, de me réfugier avec confiance dans le sein de la toute-puissante Miséricorde : au regard de ce suprême Bien, toutes les joies terrestres n’étaient-elles pas misérables et vaines, et la grâce de Dieu n’était-elle pas d’un si haut prix qu’on dût, pour l’obtenir, mépriser comme de la boue toutes les basses voluptés des sens ?…

— Oui ! m’écriai-je mentalement en quittant l’église, j’arracherai de mon cœur, et pour toujours, la coupable image de cette femme ; avec l’aide de la pénitence et de la prière, je la chasserai de ma pensée, comme Jésus chassait les vendeurs du temple !…

Et j’essayais sérieusement pendant un jour d’exécuter mes pieuses résolutions ; mais il suffisait de l’apparition du gamin porteur d’un message de la Pamplina pour tout gâter, et je courais rue Amor de Dios attendre la danseuse à la porte du Salon. J’entendais le piaffement de ses brodequins sur les marches de l’escalier ; elle me coulait une diabolique et reluisante œillade, un sourire retroussait le coin de ses lèvres et me montrait ses petites dents blanches ; c’en était fait de ma contrition et de mes projets de pénitence. Dans ces moments-là, j’aurais donné